Notre laboratoire se compose de professeurs, d’étudiants, de chercheurs, d’artistes, qui tous mènent à la fois des activités de création sonore et des activités de recherche, les deux avenues bifurquant bien souvent l’une vers l’autre. Ils sont musiciens, concepteurs sonores ou réalisateurs ; ils sont engagés dans l’écriture d’un mémoire, d’une thèse ou d’un essai sur les différentes pratiques de création sonore dans un contexte audiovisuel. L’esprit qui anime le travail de chacun, et nos activités collectives aussi bien, est un esprit d’exploration, d’expérimentation et de partage de tout ce qui est singulier, original, propre à inventer du possible. Les activités de notre laboratoire reçoivent le soutien du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) et du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH). Notre laboratoire est membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM).
Notre laboratoire de recherche et de création a trois objectifs principaux :
Premier objectif: une poïétique de la création sonore
Étudier et faire connaître les différentes pratiques de création sonore, surtout celles qui engagent un dialogue avec l’image, en portant une attention particulière à la singularité de leurs outils et de leurs méthodes, à l’originalité de leur savoir-entendre et de leur savoir-faire, à la diversité de leurs rapports avec le son et l’image ; et favoriser les échanges entre tous les métiers du sonore. Analyse des discours, observation des pratiques, expérimentation de processus créatifs : autant de moyens pour établir une relation dynamique entre des projets de création singuliers et une pratique supérieure de la conception sonore, laquelle n’a pas à s’institutionnaliser, ni à se généraliser, ni à établir des normes ou des lois, sa tâche consistant plutôt à ouvrir, toujours, l’espace du possible.
Deuxième objectif: une archéologie audiovisuelle de notre culture de l’écoute
Tracer le portrait de la culture de l’écoute qui a émergé avec les premiers appareils électriques et domestiques d’enregistrement et de diffusion du son, avant de se transformer avec les nouveaux appareils numériques d’archivage, de diffusion et de conversation. À écouter les créateurs sonores, nous constatons a) que les années cinquante à quatre-vingt-dix ont vu se multiplier les techniques sonores ; b) que ces inventions techniques ont débouché sur de nouvelles expériences d’écoute ; c) que ces techniques et ces expériences ont influé sur la création sonore dans le cinéma contemporain et les arts médiatiques. Tracer le portrait d’une culture de l’écoute, cela n’a pas pour but de recueillir, d’archiver, de conserver des traces matérielles et spirituelles du sonore ; s’il faut retrouver des sons oubliés, les rassembler et les faire entendre de nouveau, c’est pour leur insuffler la force d’agir sur la création d’aujourd’hui. S’inscrire dans une tradition, réfléchir sur une situation historique et culturelle, ce n’est pas baliser ou définir à l’avance le geste créateur ; c’est le provoquer, l’entraîner à entendre de nouvelles voies.
Troisième objectif: une poétique de l’audio-visuel
Rouvrir un chantier qui occupa jadis beaucoup la création cinématographique, et l’étendre à d’autres formes d’expression artistique (art vidéo, installation, cinéma élargi, jeu vidéo, spectacle multimédia, théâtre, etc.) : expérimentation pratique des figures poétiques (esthétiques, rhétoriques, narratives) obtenues par l’entrelacement du sonore (musique, parole, voix, son, bruit) et du visuel (image, cadrage, plan, scène, montage, etc.).